Sommaire
- Le sport peut redonner confiance aux jeunes enfants dyslexiques
- Le sport peut rétablir un équilibre sain entre effort et plaisir chez la personne dyslexique
- Le rôle des parents dans le choix de l’activité sportive de leur enfant dyslexique
- Le sport développe les compétences organisationnelles et relationnelles
- La question de la compétition, est-ce trop de pression pour un enfant dys ?
- Alors, quel sport choisir ?
Le sport peut redonner confiance aux jeunes enfants dyslexiques
Le sport peut avoir plusieurs rôles pour les personnes dyslexiques. Le premier de ces rôles peut être celui de combler, progressivement, le fossé qui les sépare de la réussite. Nous allons donc essayer de comprendre comment le sport peut être bénéfique au travers de quelques exemples.
Le premier exemple nous a été raconté par la maman de Jean, un jeune garçon dyslexique.
“Déjà au tout début de sa scolarité, il n’apprenait pas aussi vite que les autres enfants, alors qu’il était intelligent et désireux de réussir. En CE2, Jean ressentait un vrai mal-être qui provenait de l’écart entre son intelligence évidente et ses mauvais résultats scolaires, il était en colère et très frustré.
Pourtant, il excellait dans un autre domaine, il a commencé la natation lorsqu’il avait 6 ans et ses compétences n’ont cessé de croitre. Au collège, il était un des meilleurs éléments de son équipe de natation et les autres enfants l’admiraient pour cela.
Maintenant qu’il est au lycée, Jean a encore des difficultés en lecture, en écriture et en orthographe, malgré l’aide supplémentaire qu’il reçoit dans ces domaines. Pourtant, il a gardé confiance en lui et peut évacuer son stress lié à l’école grâce à la natation. Lorsqu’il arrive en classe, il est concentré et peut se dédier entièrement à ses études et son éducation”.
La mère de Jean, qui le soutient depuis des années, nous a aussi dit que, pour elle, c’est la natation qui a fait de Jean un jeune homme bien dans sa peau, malgré ses difficultés scolaires.
Le second exemple nous provient de la maman de Laure, une jeune femme classée en athlétisme au niveau régional.
Elle nous a raconté se souvenir que lorsqu’elle était en fin de collège, Laure avait été félicitée par ses entraineurs pour une amélioration de moins d’un dixième de seconde à la course. La maman de Laure pense que le fait d’avoir été ainsi félicitée a permis à sa fille de voir, immédiatement, le fruit de ses efforts.
“Je l’ai vue avoir le déclic, elle a compris que des efforts ciblés permettaient de s’améliorer. Elle l’a d’abord appris à l’athlétisme, puis elle l’a appliqué à l’école. En 3 ans, ses notes n’ont pas arrêtées d’augmenter, lentement mais surement. Et maintenant, elle fait partie des meilleurs de sa classe, voire de son collège, dans certaines matières.”
Le sport peut rétablir un équilibre sain entre effort et plaisir chez la personne dyslexique
Le second rôle que nous avons identifié est qu’il permet de créer un équilibre, entre l’intellect et le physique, mais aussi entre effort et plaisir.
Une spécialiste des troubles de l’apprentissage que nous avons rencontré nous a expliqué que lorsqu’une nouvelle famille venait la voir, elle les interrogeait sur les compétences scolaires de l’enfant, sur son développement, ses compétences en lecture, en écriture, au niveau du langage, de l’orthographe, ainsi que sur les autres aspects scolaires de sa vie.
Cependant, elle nous a aussi affirmé qu’elle demandait systématiquement des précisions sur les centres d’intérêt et les activités extra-scolaires de l’enfant. Quels sont ses hobbies ? Fait-il de la musique ? Fait-il du sport ? A-t-il un autre moyen pour se changer les idées après l’école ?
Cette professionnelle de la dyslexie affirme que ces activités sont précieuses pour tous les enfants, mais qu’elles peuvent l’être tout particulièrement pour les enfants dyslexiques.
On demande généralement à ces enfants d’améliorer leur compréhension et leurs performances scolaires. De nombreux aménagements existent mais cela peut prendre beaucoup de temps et créer des décalages avec les autres enfants de leur âge. Le sport permet de normaliser leur expérience, en leur permettant d’être comme les autres enfants. Il ne faut donc surtout pas que les parents négligent de telles activités, si équilibrantes pour les jeunes.
Pour cette spécialiste, il est évident que la pédagogie et l’enseignement sont liés à la qualité des apprentissages, mais elle ne néglige pas le sport qui permet d’apprendre autre chose et de développer d’autres fonctions cognitives.
Laure, la jeune coureuse dont on a parlé un peu plus haut dans l’article, reconnaît que le sport lui a beaucoup apporté.
“Je suis super contente pour ma meilleure amie quand elle a un 18 en français ou en maths, et même si je sais que j’aurai surement jamais d’aussi bonnes notes qu’elle, je sais que mon amie ne pourra probablement jamais courir aussi vite que moi, ni ramener des médailles en athlétisme. Moi aussi j’ai un domaine où je suis forte, et ça me redonne le sourire quand j’y pense.”
La grande majorité des enseignants et des experts reconnaissent la valeur du sport pour les enfants, et plus particulièrement les enfants dyslexiques. Certains collèges et lycées privés décident d’ailleurs d’incorporer plus d’activités physiques dans l’emploi du temps de leurs élèves afin de les pousser à s’intéresser à ce genre d’activité.
En plus de pouvoir être un facteur important de l’épanouissement des certains enfants, le sport est aussi une clé de l’apprentissage. Après des heures de travail, de concentration et donc d’immobilité, le fait de mettre le corps en mouvement permet nous seulement de rester en forme et de retrouver de la concentration, mais aussi de mieux assimiler ce que l’on a appris.
Grâce à l’activité physique, un enfant pourra plus facilement enchainer des sessions à l’école ou à la maison avec du travail scolaire, même si ses compétences de lecture, d’écriture, de langage, de mémoire et de réflexion sont beaucoup sollicitées. Le sport permettra même à des enfants avec un tdah, une dyspraxie, ou une dysphasie de garder leur attention focalisée sur leurs livres ou sur leurs cours.
Pour les enfants dyslexiques, l’équilibre est indispensable ! Et le sport est un excellent moyen d’avoir une vie équilibrée entre effort intellectuel et effort physique mais aussi entre travail et loisir.
Le rôle des parents dans le choix de l’activité sportive de leur enfant dyslexique
Les experts que nous avons interviewés recommandent aux parents d’aider leurs enfants et leurs adolescents à trouver un moyen d’intégrer du sport dans leur vie.
Il faut donc laisser les enfants choisir les sports qu’ils veulent pratiquer, mais le rôle des parents est de les aider à découvrir ce pour quoi ils sont bons et ce qu’ils aiment faire. Ils devront ensuite être présents au côté de leurs enfants pour les encourager et les soutenir dans la pratique de leur sport.
Les experts conseillent également aux parents de faire du sport pour leurs enfants une priorité à part entière. Essayez d’organiser le temps familial de manière à ce qu’il comprenne les activités sportives de votre enfant, et soutenez-le par votre présence lors des matches ou des représentations par exemple.
De plus, vous pouvez aussi en profiter pour faire du sport avec vos enfants, cela peut permettre de passer un bon moment en famille et ainsi d’allier l’utile à l’agréable.
Lorsque vous aidez votre enfant à choisir un sport, examinez comment la dyslexie affecte son style d’apprentissage, ses forces et ses faiblesses.
Le principal critère dans le choix d’un sport est l’intérêt que l’enfant va avoir pour ce sport.
Cependant, d’autres paramètres peuvent aussi entrer en jeu : un enfant qui a des problèmes de coordination main-œil aura potentiellement plus de difficultés avec des sports comme le karaté, le badminton ou l’escrime que dans des sports comme la course ou la natation.
Certains enfants vont aussi préférer les sports individuels, car ils ressentiront moins de pression que dans les sports collectifs, ce qui peut être une bonne chose dans certains cas.
Enfin, nous recommandons particulièrement les sports qui permettent de développer la proprioception (c’est-à-dire, la conscience de son propre corps), par exemple : les arts martiaux, le yoga, l’escalade, les randonnées en foret, etc.
Le sport développe les compétences organisationnelles et relationnelles
On peut aussi relever d’autres avantages à la pratique d’activités physiques.
Les spécialistes que nous avons interrogés, ont notamment relevé le fait que l’activité physique régulière permettait une amélioration de la concentration, de la mémoire et de l’attention.
De plus, le sport permet de réduire le stress et d’améliorer l’humeur, ce qui peut-être utile pour des enfants ou des adolescences ayant un emploi du temps chargé et de la pression au niveau scolaire. La célèbre citation romaine “Mens sans in corpore sano”, signifiant un esprit sain dans une corps sain est particulièrement vraie pour les jeunes dys.
En plus d’améliorer la concentration et de permettre aux jeunes d’évacuer leur stress, la pratique régulière du sport peut aussi motiver un élève à améliorer ses compétences organisationnelles, ce qui lui servira aussi dans ses études.
Au début, le fait d’avoir un trouble de l’apprentissage, comme la dyslexie, la dysorthographie, la dysphasie, la dyspraxie ou un tdah, peut être un handicap pour pratiquer un sport. Il faut donc penser à mettre en place des outils ou des aides adaptées à l’enfant, pour qu’il ait le temps d’apprendre les rudiments du sport qu’il veut pratiquer.
Jean, le jeune nageur dont nous avons déjà parlé nous a dit avons pris conscience de l’importance de planifier et prévoir grâce à la natation. La veille d’une compétition, il devait préparer son matériel, manger un repas adapté et aller se coucher tôt.
De la même manière, il devait planifier la réalisation de ses devoirs afin de les étaler dans le temps et de ne pas être submergé. Il a aussi appris à gérer son temps, puisqu’il ne pouvait pas faire ses devoirs les soirs d’entrainement, il devait trouver des créneaux à d’autres moments.
Enfin, le sport peut aider les jeunes à améliorer leurs relations avec leurs enseignants et les spécialistes qui pourraient les aider. En trouvant sa place, on devient plus à même de communiquer et d’établir des relations.
Pour Jean, à qui on a récemment proposé de donner quelques cours de natation à des enfants, le fait de recevoir des responsabilités a été une révélation pour lui. Il dit qu’il comprend beaucoup mieux ses enseignants maintenant qu’il peut se mettre à leur place et que grâce à cela, leur relations se passent beaucoup mieux. Il n’a plus honte d’aller les voir pour leur parler de ses difficultés dans telle ou telle matière et les professeurs apprécient sa sincérité et font donc des efforts pour l’aider. Les professeurs ont aussi à même de lui fournir des outils, des aides et des conseils adaptés.
La dyslexie n’est pas le seul trouble dont peuvent souffrir les dys, mais le sport reste dans tous les cas un outil positif en complément de l’enseignement scolaire. Qu’un enfant soit confronté à une dyspraxie, une dysorthographie, une dysphasie ou même un tdah, le fait de pratiquer le sport sera presque toujours positif.
La question de la compétition, est-ce trop de pression pour un enfant dys ?
En discutant avec différents jeunes dyslexiques et leurs parents, nous avons remarqué que certains d’entre eux n’aimaient vraiment pas la compétition.
En plus du fait que les compétitions représentent une source de stress supplémentaire pour eux, le principe même de compétition déplait fortement à certains enfants et adolescents dyslexiques. Il est donc important que les parents aient bien conscience de cela, et qu’ils puissent aussi proposer à leur enfant des activités sportives sans compétition, voire avec une dynamique de coopération, qui plait souvent à ces enfants ou aux jeunes dys.
Des activités physiques captivantes expliquées avec une pédagogie adaptée seront idéale pour de nombreux enfants ou jeunes dys.
De plus, certains jeunes avec une sensibilité artistique plus développée pourrait vouloir pratiquer une activité physique artistique, comme la dance par exemple, dans laquelle les compétitions sont moins présentes et jamais obligatoires. De plus, les activités artistiques permettent de développer d’autres fonctions cérébrales et peuvent aider les enfants à s’épanouir.
Alors, quel sport choisir ?
En tant que parent, on peut être vite submergé face à la quantité de sports existants et face au large choix d’activités. Voici quelques remarques sur les différents types d’activités et sur leur compatibilité avec les troubles de l’apprentissage.
Les sports individuels sont exclusivement centrés sur la performance personnelle. Des problèmes de communication ne sont donc pas du tout gênants.
Les sports de combats présentent de nombreuses avantages. En plus de leur permettre de se défendre en cas de problème, ces sports apprennent la rigueur et le contrôle de soi, ce qui est très utile dans la scolarité.
Des activités plus physiques comme la course ou la natation peuvent aussi être envisageables. Ces activités étant très dures sur le plan physique, elles laisseront les enfants plus calmes et plus à même de lire des livres ou de se concentrer sur leur éducation et leurs apprentissages.
Les sports collectifs peuvent aussi apporter beaucoup aux enfants, que ce soit en leur permettant de se dépenser physiquement, en leur faisant travailler sur leur coordination ou en leur permettant d’établir des liens sociaux avec d’autres enfants de leur âge.
En sport collectif, on peut notamment citer le football, qui est très à la mode et qui, s’il intéresse déjà votre enfant, peut être une bonne idée.
Des sports sollicitant la coordination des mains peuvent aussi être une bonne idée. Que ce soit du basket, du volley ou des sports de raquette. Les sports de raquette peuvent par exemple être intéressants puisqu’ils vont développer une bonne prise en main de la raquette, ce qui peut se transposer en une meilleure prise du stylo ou du crayon.
Pour d’autres idées de sports pour votre enfant avec un trouble de l’apprentissage, n’hésitez pas à aller vous renseigner sur le web. Il existe de nombreux sites web dédiés aux sports, vous y trouverez bien plus de détails sur les conditions requises pour pratiquer tel ou tel sport.
Le mot de la fin serait donc que si le sport semble pouvoir être un atout non négligeable pour les enfants ou les adolescents dyslexiques, il reste important que les parents soient à l’écoute de leur enfant pour l’aider à trouver l’activité physique qui lui correspond.