Dans nos recherches pour cet article, nous ne trouvions que des livres spécifiquement destinés aux enfants dyslexiques. Le concept même de livres spéciaux acte un peu plus l’écart entre les enfants avec des troubles de la lecture et “les autres”. Nous n’étions donc pas pleinement satisfait ! 

C’était jusqu’à recevoir un mail d’une certaine Anne Frachet se présentant comme la fondatrice d’une maison d’édition jeunesse et à l’origine d’une collection destinée à tous les enfants, mais complètement accessible aux dys. 

Après quelques échanges et lectures de plusieurs extraits, nous avons vraiment accrochés avec les livres de la collection LOMNI qui font “avancer” les enfants. Sans plus attendre, voici nos favoris. Cliquez sur les images pour vous rendre sur le site de l’éditeur.

Pour en savoir plus sur l’engagement de cette enseignante en reconversion, n’hésitez pas à lire sa présentation juste en dessous. 

Synopsis : Je suis malin

 Le loup est malin, très malin, enfin c’est ce qu’il croit. Alors, quand il décide de prendre la place de Mère Grand pour attraper Le Petit Chaperon rouge les choses tournent… pas très bien… Mais, le loup est malin, très malin, enfin c’est ce qu’il croit…

Synopsis : Les cyclopes pleurent-ils ?

Il y a des questions qu’il ne faut pas poser, même pour plaisanter. Sylvio, 15 ans, va en faire la douloureuse expérience. Depuis peu, il vit un enfer et ne sait pas à qui demander de l’aide.

Toutefois il n’est pas seul et cette expérience va lui permettre d’apprendre un incroyable secret de famille. Un secret qui va bouleverser sa vie…

Qui de mieux qu’Anne Frachet elle-même pour nous en dire plus sur son engagement ? Nous passons le micro…

Quelles sont les origines de LOM Editions ? Qu’est ce qui vous a donné cette idée ?

À l’origine de LOM éditions, il y a mon activité d’auteur, ma passion pour les livres et ma pratique d’enseignante pendant plus de vingt ans. Celle-ci m’a amenée à travailler avec des élèves en difficulté, souvent en souffrance, face aux exigences d’un système qui ne les valorisait pas. J’ai vite compris que les difficultés d’apprentissage affichées par certains de mes élèves tenaient plus de la différence que d’un trouble particulier. Ces situations m’ont paru injustes et j’ai eu à cœur de développer des pratiques alternatives, tout en restant dans le cadre de l’école. C’est cette démarche que j’ai reproduite pour LOM éditions.

Comment avez-vous pensé à produire des livres accessibles aux enfants dyslexiques ? Et pour qui est destiné LOMNI ?

A l’occasion d’un salon du livre jeunesse, j’ai rencontré un jeune garçon désireux de lire, mais empêché de le faire à cause d’un trouble nommé dyslexie… Je connaissais la dyslexie à travers les difficultés d’élèves qui se déclaraient dyslexiques et qui avaient besoin de plus de temps pour lire, comprendre et rédiger un texte.

Je me suis intéressée au sujet, j’ai échangé avec des parents de dys, des lecteurs dyslexiques, des orthophonistes et des enseignants actifs dans ce domaine. Difficile de comprendre cette vaste problématique. Ce que j’ai retenu, c’est que le cerveau fonctionne différemment et surtout, que les lecteurs dyslexiques ont des besoins différents, comme mes anciens élèves.

Alors, pour autant, cette différence doit-elle exclure ? Doit-elle être un marqueur social dévalorisant ? Je me suis souvenu du jeune lecteur dyslexique qui m’expliquait, avec émotion, combien il trouvait détestable d’aller chercher des livres, souvent inintéressants, dans la zone « difficulté scolaire » des librairies. C’est la double peine !

Ainsi, j’ai décidé de créer LOMNI, concept déposé, une collection pour TOUS les enfants entre 7 et 12 ans, y compris les enfants dyslexiques.

Vous ne proposez pas des livres POUR les dyslexiques mais ADAPTÉS aux dyslexiques, comment faites-vous ? Seule la police est différente ?

Le principe est de faciliter la lecture au niveau visuel avec l’utilisation de la police de caractères OPENDYSLEXIC, une taille de caractère suffisamment grande, un interligne augmenté, pas de coupure de mot et le texte aligné à gauche. Ce format s’avère être très confortable pour tous les lecteurs et ceux qui ne savent pas qu’il convient en particulier aux dyslexiques, le trouve agréable.

Cependant, cette mise en page adaptée n’est pas le seul atout de la collection. Afin de faciliter la compréhension du contexte de l’histoire, et quand elle s’y prête, il y a un découpage en chapitres courts avec une illustration significative et un résumé succinct à la fin du chapitre. L’idée est de participer à l’estime de soi de l’enfant dyslexique qui pourra, fièrement, mesurer l’avancée de sa lecture en nombre de chapitres significatifs. Il pourra aussi arrêter sa lecture et la reprendre facilement, simplement en consultant le résumé du chapitre. L’enfant qui n’en a pas besoin les passera et ne se rendra pas compte du fait que le livre est adapté pour dyslexiques.

 Et aujourd’hui où en êtes-vous ?

Sous l’impulsion d’une maman de dyslexique dont l’enfant a pu présenter un livre – pour tous !- à l’école pour la première fois (il s’agit d’« un seul vœu », un livre qui rencontre un grand succès), LOMNI s’enrichit de romans graphiques, mélange de texte, d’illustrations nombreuses et de BD (toujours avec les critères de police de caractères). Il s’agit de « Je suis malin », un détournement du conte Le Petit Chaperon rouge où le loup, le caïd local, se croit le plus malin car il est le plus fort.

Car l’objet de chacun des livres de LOMNI est aussi de proposer un texte qui amène à réfléchir sur soi, sur le monde, qui valorise la bienveillance, le respect des autres, de soi-même, de la différence… C’est la ligne éditoriale de LOM éditions, des Livres qui Offrent le Meilleur, qui aident à grandir tout en divertissant.

Les retours sont bons. Des enfants ont pu, pour la première fois, présenter à l’école un livre lu en autonomie et pas un livre pour enfants dys. Des auteurs et des illustrateurs de talent rejoignent le projet et sont contents de participer à cette « démocratisation » de la lecture pour les enfants dyslexiques, sans pour autant les différencier.

Pour ma part, je suis à l’écoute de toutes les remarques, les suggestions, pour faire évoluer cette collection aussi adaptée aux enfants dyslexiques, qui comme les autres, méritent le meilleur.

Pour en savoir plus : lom-editions.fr

Le buveur d’encre est un livre recommandé par l’Éducation Nationale. Ce livre pour jeunes enfants raconte l’histoire du fils d’un libraire qui déteste les livres (peut-être est-il dyslexique ?). Pourtant, arrive un jour ou ce dernier, surprend un curieux voleur qui, muni d’une paille, avale les mots des livres…

Disponible en numérique, les enfants dys pourront également découvrir la fabuleuse histoire du cheval de troie. Ce livre sera un premier pas dans l’épopée d’Ulysse, de quoi donner goût à la lecture…

Vous trouverez sur Decitre une large gamme de livres classiques revisités et adaptés pour les enfants dys. En plus de retravailler les phrases trop complexes ou à rallonge, l’éditeur a travaillé la mise en forme en offrant des textes plus aérés, des lignes plus courtes et non justifiées… En plus, les pages sont plus mat pour limiter le stress visuel de l’enfant.

Ensuite, tout comme pour Dyscool ou Lomni, les livres utilisent une police adaptée aux jeunes lecteurs avec une typographie plus grande, plus d’espace entre les mots et les lignes pour limiter les confusions.

Notre bémol est que les livres sont bien marqués comme étant pour les Dys. Cela peut accentuer leur sentiment de différence et ne pas mettre en place la bonne dynamique. C’est un détail certes, mais qui a son importance car il s’agit d’un objet que l’enfant va probablement tenir plusieurs heures entre ses mains, peut-être n’est-il pas nécessaire de lui rappeler qu’il a besoin d’un livre spécial ?

Choisir un livre pour un enfant dyslexique n’est pas toujours facile.

Quelques règles simples peuvent cependant s’appliquer :

Choisissez des livres spécialement conçu pour des lecteurs dys.

Optez pour une police adpatée aux dyslexiques : plus grande et adaptée à son handicap, des espacements plus grands entre les lignes et même entre les lettres si l’exercice de la lecture est vraiment compliqué.

Les livres bien illustrés sont également à privilégier. Ceux-ci gardent l’attention de l’enfant et les stimulent durant la lecture tout en aidant ce dernier à comprendre ce qu’il lit en lui donnant des éléments de contexte.

Une fois que vous avez trouvé votre livre, essayez d’expérimenter différentes façons de lire avec vos enfants. S’ils sont très réticents, trouvez un moment de la journée où vous pourrez lire avec eux.

Construisez lentement au fur et à mesure que leur confiance augmente – peut-être une ligne à la fois puis un paragraphe et enfin une page. N’oubliez jamais que les petits pas sont essentiels !